Le projet d’amendement sur la loi pour le bien être animal proposait de passer le chat en animal nuisible. Dès lors, il y avait la possibilité de voir organiser des battues.
En essayant de se détacher de l’émotion du moment, il est semble-t-il nécessaire de se pencher sur les raisons de cet amendement. Le chat est-il vraiment nuisible ? L’emballement médiatique était-il justifié ?
Mettons les choses au clair de suite. Il est inconcevable de vouloir tue nos chats. Pour autant, même si l’amendement pouvait laisser entrevoir la possibilité de battues, auraient-elles réellement eu lieu ?
Ces battues se font dans des cadres spécifiques. En tout état de cause, l’amendement n’étant pas passé, nous pouvons mettre de côté ce point. Pour autant, le chat pose quand même quelques problèmes.
Selon la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) le chat serait responsable d’un véritable massacre des oiseaux. Il est également possible d’ajouter à tout cela les reptiles et petits rongeurs.
Comment expliquer cela ? Un chat, selon une étude, tuerait en moyenne 6 oiseaux par an. Quand on sait qu’il y a plus de 13 millions[1] de chats en France on arrive à un chiffre vertigineux arrondi à 75 millions d’oiseaux tués. Aux USA, une étude[2] fait état de 4 milliards d’oiseaux et 22 milliards de petits mammifère tués par les chats.
Quand on sait que si un chat tue 6 oiseaux par an, il doit tuer au moins 5 fois plus de rongeurs et petits mammifères et un nombre conséquent de reptiles, nous dirons 3 fois plus que les oiseaux (estimation personnelle liée à l’observation d’un chat).
Espèces France USA
Oiseaux 75 millions 4 milliards
Rongeurs
petits mammifères 375 millions 22 milliards
Reptile 325 millions 12 milliards
(estimation personnelle)
Total 675 millions 38 milliards
Il faut noté que les études françaises se basent sur les animaux ramenés et chiffre le total à 2 fois moins. La projection que j’ai notifié dans ce tableau est basée sur les statistiques américaines qui se penchent sur les animaux tués.
Ces chiffres donnent le vertige d’autant que les chats d’aujourd’hui sont nourris par l’humain, c’est donc de la chasse uniquement, le chat ne se nourrit pas ces proies. À la vue des chiffres, le chat apparaît comme une menace pour la biodiversité c’est une certitude.
Mais car il y a un mais, le chat n’est pas la seule menace. L’homme avec les divers produits qu’il utilise, ave la destruction de l’habitat naturel des animaux, de la chasse illégale (et uniquement illégale : entre 150000 et 900000 oiseaux tués illégalement).
Donc si l’on regarde les chiffres bruts, le chat est un nuisible. Faut-il pour autant permettre de le tuer ? La réponse est non car nous sommes aussi un nuisible, nous menaçons aussi la biodiversité.
Le constat étant posé, que fait-on ? Comment interprétons nos ces chiffres ? Pour ma part, il me semble qu’au regard d’un individu, le chat n’est aucunement nuisible. En effet, un chat va au maximum tuer une cinquantaine d’animaux par an. Ce n’est pas énorme. Ce qui pose problème c’est le nombre et la prolifération. La population féline grandit de manière exponentielle.
Depuis 1967 la population a été multipliée par 3. Mais plus inquiétant, entre 2010 et 2016 il y a une augmentation de 2.5 millions et selon certaines études il y aura en 2020 plus de 15 millions de chats donc une augmentation de plus de 2 millions en 4 ans alors que pour avoir cette hausse il fallait 4 ans en 2010 et 10 ans en 1988.
Le problème est bien un problème de croissance et de contrôle des populations. En y réfléchissant, il y avait le même problème avec les humains en Chine où le gouvernement a instauré un contrôle des naissances.
La solution est surement là. Il me semble très important de contrôle la population de félins en France et pour ce faire stériliser nos animaux. Les bénévoles des refuges le disent, les gens laissent leurs animaux entiers sortir, ils font des petits et après les gens les abandonne. Le chat est pour certains aujourd’hui un mouchoir jetable. Le chat est laissé libre puis abandonné durant les vacances et après on reprend un chaton. Bah oui c’est une boule de poil. La plupart des personnes qui se sont indignées de cet amendement sont responsables de la situation.
On ne peut pas empêcher notre chat de sorti, de chasser, c’est un comportement naturel pour lui. Certaines études montrent que si le chat ne sort pas, il est nécessaire de stimuler son environnement pour qu’il retrouve des comportements de curiosité intellectuelle. Donc il paraît pour le coup absolument nécessaire de stériliser nos chats dès lors qu’ils sortent.
Une chose étonnante, le propriétaire de chien ne peut faire qu’une portée par an et il lui faut un numéro de SIRET. Un chien ne peut pas sortir seul de chez lui. Un chat le peut, une personne peut faire reproduire son chat comme il veut en tout cas dans les faits puisque depuis 2012 la vente ou la cession d’un carnivore nécessite une identification. Dans la réalité, combien de chats sont tatoués ou pucés ?
Le problème est sans doute là. Il est nécessaire que tous ces animaux soient identifiés.
Donc le problème encore une fois c’est l’homme, l’être humain. Nous sommes inconscients et nous laissons déborder une situation qui ne devons contrôler. Si la population continue d’augmenter comme cela, je ne donne pas cher de la future vie de nos félins, il y aura des morts c’est une certitude.
J’entends des personnes dire : « les vétérinaires font payer trop chère les stérilisations ». A ces personnes je réponds tout simplement que lorsque l’on achète un chien ou un chat ou autre on prend un engagement vis-à-vis d’un être vivant qui lui n’a rien demandé donc on assume. Si on prend un chat on saura qu’il y aura des frais annexes (vétérinaires, jouet, nourriture…) et stérilisation donc on assume. Si nous n’avons pas les moyens de payer les 150 euros de stérilisation on ne prend pas le chien. Si vous n’avez pas les moyens de payer l’assurance et l’essence de votre voiture et bien vous roulez à vélo.
Le prix est un faux problème. D’autres vont dire, stériliser l’animal fait qu’il va lui manquer quelque chose. Peut-être effectivement mais bon, si nous ne nourrissions pas nos chats, ils se reproduiraient moins car la population se régulerait naturellement en fonction de la nourriture disponible. Donc, puisque nous modifions les comportements naturels de nos chats, nous pouvons aussi prendre le risque de créer chez eux un manque en sachant qu’ils sont très fort en adaptation.
Pour beaucoup l’acquisition d’un animal reste quoi qu’ils en disent un achat comme si on achetait une voiture. Le chat n’est pas encore complètement considéré dans tous nos actes comme un être vivant et sensible, il reste un meuble pour beaucoup.
Pour résumer, le chat n’est pas un nuisible mais effectivement sa population est pour le coup nuisible du point de vue de la biodiversité. Ce sont les humains qui ont positionné le chat ainsi, il me parait vraiment urgent et impératif de corriger cette trajectoire.
Stève Poupard : Comportementaliste EPC
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