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Photo du rédacteurStève Poupard

Le chien ? Un chien ? Mon chien ?

Merci à Patrick Le Doeuff pour ses corrections


 

En France il y a un peu plus de 7 millions de chiens. Tout le monde voit ce qu’est un chien, tout le monde pense les connaître, mais qu’en est-il vraiment ?

Je pense qu’une grande partie des propriétaires de canidés, si nous leur demandions s’ils connaissent les chiens, va nous dire oui. La question est : connaissent-ils les chiens ou un chien ?

Lors de mes discussions avec des maîtres, il revient souvent des phrases du type : « mon chien est très intelligent… je le connais, il n’est pas méchant… je le connais, il sait ce qu’il veut… ». En tant qu’humain, nous appréhendons l’animal avec notre mode de pensée, notre monde autocentré[1]et donc notre anthropomorphisme[2].

Nous connaissons le chien selon notre vision du monde. Le chien grogne : il est méchant. Il se bat : il est méchant. Cette méconnaissance de l’animal conduit souvent à une relation non harmonieuse avec lui, une relation bancale voire problématique.

Combien de personnes ayant un petit chien le prennent dans les bras quand approchent un plus gros ? Eh bien oui, il faut le protéger, c’est notre bébé, notre enfant, on ne peut le considérer autrement, ça serait mal, méprisant de se dire que c’est un chien, juste un chien.

Voilà l’anthropomorphise en action. Mais quel est rapport avec la question posée ? En quoi, l’anthropomorphisme peut-il nous amener à se méprendre sur la nature du chien en général, et du nôtre en particulier.

En réalité, tout se joue ici. Connaître notre chien selon notre propre vision du monde revient à ne pas connaître les Hommes mais un homme ou une femme à travers nos croyances, notre culture, nos idéaux. Sans aller jusqu’à l’homme naturel de Rousseau, il me semble absolument nécessaire de connaître l’Homme pour ensuite se focaliser sur l’individu. La psychologie, les sciences humaines se basent sur des connaissances générales que les thérapeutes ensuite affinent en se focalisant sur l’individu qu’ils ont en face d’eux. Imaginez que l’on se base, non pas sur des généralités, mais sur un individu pour créer un nouveau médicament. Certes il sera tout à fait adapté à cette personne mais qu’en sera-t-il pour les autres, pour ceux qui font des réactions allergiques ou autres. N’est-ce pas tout simplement se fourvoyer que de penser que l’on connait son chien sans passer par une connaissance des chiens ?

Pour ma part, je pense que si. La raison en est très simple. Le chien s’adapte en permanence à son environnement, au système dans lequel il vit. Mais même s’il n’a pas de comportement qui pose problème et j’insiste sur le « qui pose problème » (en opposition à des problèmes de comportement), est-ce à dire qu’il est bien dans ses baskets ? Que la vie est bien pour lui ? La réponse est évidemment non. Nos compagnons à quatre pattes sont capables d’endurer beaucoup de nos travers, de nos interprétations et approximations.

Connaître le chien (en général) c’est le connaître d’un point de vue éthologique[3], savoir et intégrer les besoins de l’espèce, son mode de fonctionnement dans la famille. A partir de là, on peut ensuite adapter tout cela à l’individu que l’on a en face de soi, à savoir son chien.

Non nous n’avons pas à prendre notre chien dans nos bras pour le protéger ; c’est son boulot à lui. Non s’il grogne ou qu’il se bat, ce n’est pas qu’il est méchant, il communique avec ses congénères. Il peut très bien vouloir imposer sa dominance et juste cela. Une fois les choses exposées clairement, les deux chiens pourraient jouer ensemble. Quant au fait de considérer son chien comme un humain, ce n’est pas bon pour lui et je dirai même que c’est lui manquer de respect. Si je vous considérais comme un « comme un chien », vous qui êtes un homme, seriez-vous content, penseriez-vous que je vous respecte ? Pour l’animal c’est pareil. Vouloir le considérer humain car c’est mieux, est commettre une grosse erreur, c’est attendre quelque chose de singulier de son animal, mais de quoi s’agit-il ? Ne serait-ce pas voir le monde animalier d’un point de vue spécifiquement humain ?

Mais pouvons-nous faire autrement si nous ne savons pas, ne sommes pas éclairés sur toutes ces intrications inter espèces ?

De mon point de vue, aimer un animal c’est le considérer pour ce qu’il est, le connaître et s’adapter à lui. En sommes-nous capables ? Le voulons-nous ? C’est un autre débat.


Stève Poupard

Comportementaliste animalier EPC

& éducateur canin


 

[1] Pour l’homme le monde tourne autour de lui

[2] Donner des sentiments et des pensées humaines aux animaux et aux choses

[3] Science des comportements des espèces animales dans leur milieu naturel






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